Agriculture

Soutien du Département aux éleveurs en difficulté

Sur fond de crise et de sécheresse, Bruno BELIN, Président du Conseil Départemental, Jean-Olivier GEOFFROY, Vice-président chargé de l’Agriculture et de la Ruralité, Alain PICHON, Vice-président chargé de l’Environnement, Benoit PRINCAY, Rapporteur de la Commission Agriculture, et Benoit COQUELET, Vice-président chargé de l’Emploi, de l’Insertion et des Pôles Economiques, ont manifesté leur soutien aux professionnels de la filière ovine en échangeant avec Jacques JOLLY et ses cinq associés du GAEC de la Voie à Dienné sur les problèmes rencontrés. Dominique MARCHAND, Président de la Chambre d’Agriculture, était présent au rendez-vous.

La Vienne connaît aujourd’hui une période de crise agricole particulièrement prononcée avec environ 250 dossiers « compliqués ». En effet, il n’a pas plu depuis un mois et demi, la crise concerne autant les céréales que l’élevage, le prix d’achat du lait reste insuffisant et les cultures de printemps souffrent, laissant présager des problèmes d’alimentation en fourrage pour les troupeaux…La sécheresse vient s’ajouter à la crise, les agriculteurs vivent actuellement des temps difficiles.

C’est dans ce contexte que les élus du Département sont venus soutenir les exploitants en prenant pour modèle le GAEC de la Voie à Dienné afin d’apporter quelques solutions pragmatiques sur le terrain.

Le GAEC de la Voie, crée en 1976 et situé sur le lieu-dit La Périnnière à Dienné, est constitué de six associés (trois pères et leurs fils) à la tête de 650 ovins et 860 ha de polyculture dont 650 dédiés aux céréales. Ils pratiquent la vente directe de viande (40 ovins par an) depuis la crise de la « vache folle ». Ils font indiscutablement des produits de qualité mais reconnaissent volontiers manquer de communication sur cette valeur ajoutée auprès des particuliers.

Les éleveurs attendent beaucoup, sans pour autant être dupe, des négociations en cours avec la distribution. Celles de l’année dernière avaient été ciblées sur chaque catégorie d’animaux (vache à lait et vache à viande) mais malheureusement répercutées uniquement sur les catégories de viandes inférieures, laissant le haut de gamme au bord de la déroute financière.
L’avenir est sombre : continuer l’élevage en diminuant le cheptel et en augmentant la production de céréales pour maintenir les revenus sans embauche de main d’œuvre supplémentaire.

La sécheresse vient rajouter son lot de difficultés avec une seconde coupe d’herbe quasi impossible, créant un nouveau manque à gagner car le prélèvement sur les stocks d’hiver a débuté. Les retenues d’eau se font attendre de façon cruciale.

Le tout est couronné par des contraintes administratives croissantes : les retards sur les déclarations de la PAC pour prise de décision sur les cultures à envisager et le résultat se transformant en pénalités éventuelles! Il y a une dizaine de jours, les éleveurs ont reçu les dossiers d’instructions de trois pages relatifs aux contraintes européennes qui ne peuvent pas être matériellement instruits ! Cela se traduit par une avance de trésorerie dans l’attente du versement de l’aide par l’Etat …qui représente 50% des revenus. La simplification administrative laisse paraître quelques amertumes sur des visages exprimant un certain « raz le bol ».

Le taux de risque agricole croît auprès des banques. Certains échanges avec les coopératives font émerger environ 160 dossiers en alerte dans la Vienne, toutes productions confondues.

Les nouvelles normes, telle la directive nitrate, sont incohérentes. La rentabilité et la compétitivité sont mises à mal. « Il faut nous faire confiance, on sait travailler » martèle un jeune exploitant du GAEC. »La France fait partie du top n°1 mondial en terme de qualité des produits agricoles ».

Bruno BELIN, après une écoute attentive, a exprimé « un sentiment d’abandon et de fort désarroi du milieu agricole. Il faut l’expliquer et le faire comprendre au niveau national. Vous avez le soutien total du Conseil Départemental. Nous sommes les champions du mode des normes! Il faut faire remonter ces incohérences et nous devons retrouver une échelle locale. Les Etats Généraux de la Ruralité qui seront organisés prochainement sont indispensables pour se faire entendre ». Le Président a également proposé des mesures départementales : « dans toutes les cantines des collèges de la Vienne que nous gérons, 100% des produits doivent rapidement être d’origine française. Nous avons une ambition locale et nous réagirons très vite dans le cadre de nos compétences. Il ne faut pas opposer les ruraux et les urbains, nous sommes tous solidaires et responsables ».

Dominique MARCHAND a sollicité un plan d’urgence à court terme afin que le processus de calamité soit déclenché et que l’ensilage soit réalisé le plus rapidement possible. « Un agriculteur sur quatre est irrigant dans la Vienne et doit être amené à aider ses collègues non irrigants. Il faut entériner les dérogations des céréales sur le maïs d’ensilage. Les cantines des collèges, celles des les lycées et les maisons de retraite doivent consommer du 100% made in France ». Il a également souhaité se réunir avec les distributeurs pour résoudre le problème des coûts. « Il n’y a plus que trois centrales d’achat en France ! » s’est-il exclamé.

Faisant part du manque de mobilisation et de réactions de certains parlementaires du Département, le Président de la Chambre d’Agriculture a annoncé la perspective, sous réserve de réponse favorable, d’une visite d’élevage laitier à Thurageau avec les députés de la Vienne la semaine prochaine.

Jean-Olivier GEOFFROY a précisé qu' »il en va de l’avenir de l’élevage et du renouvellement des générations d’éleveurs. Il faut être au plus près des acteurs agricoles locaux »

Bruno BELIN rencontrera la Préfète lundi prochain et ne manquera pas de lui transmettre ces nouvelles propositions et ces actions concrètes pour aider une profession en grande difficulté.