Lancement des Etats Généraux de la Ruralité dans la Vienne
Bruno BELIN, Président du Conseil Départemental, et Jean-Olivier GEOFFROY, Vice-président chargé de l’Agriculture et de la Ruralité, ont convié les partenaires et les Maires du Département au lancement des Etats Généraux de la Ruralité dans la Vienne. Gérard MOREAU de l’INSEE a tracé le portrait de notre territoire et le Professeur Gérard-François DUMONT est intervenu pour expliquer les conséquences de raisonnement désuets vis à vis des territoires ruraux et « donner sa chance à la ruralité ».
Bruno BELIN l’avait annoncé lors de son discours d’investiture d’avril dernier. Il l’a fait !
Les Etats Généraux de la Ruralité dans la Vienne ont été lancés ce matin à l’Espace René Descartes d’Availles-en-Châtellerault, sous la conduite de Jean-olivier GEOFFROY, fervent défenseur des territoires ruraux à juste titre avec ses fonctions d’agriculteur, de maire d’une petite commune du Sud-Vienne (Champniers), Président de la Communauté de Communes du Pays Civraisien et Charlois, et Vice-président de la Ruralité au Département.
De nombreux maires de la Vienne étaient présents dans cette salle comble et les échanges se sont déroulés dans un esprit de concertation.
Après l’accueil de François ARNAULT, Maire d’Availles-en-Châtellerault, Bruno BELIN a souhaité « donner la parole aux territoires par une analyse qui se déroulera de l’automne 2015 à l’été 2016″.L’esprit est et de faire remonter le ressenti des territoires dans un diagnostic établi sous la forme d’un livret blanc de propositions qui sera rédigé à l’automne 2016 à l’issue d’une quarantaine de consultations avec les Services de l’Etat, consulaires, sociaux et les élus locaux. « Nous souhaitons inscrire le devenir de la ruralité dans les débats des prochaines élections présidentielles et législatives de 2017. Nous avons besoin d’une Assemblée Nationale qui ait le message des secteurs ruraux. Il faut donner un mode d’expression aux urbains et périurbains sans pour autant les opposer« . L’objectif est d' »Imaginer ensemble la Vienne de 2025« .
Gérard MOREAU de l’INSEE Poitou-Charentes a ensuite précisé que « l’INSEE souhaitait travailler avec l’ensemble des collectivités territoriales pour les aider à prendre leur décision« . Il a décrit sa vision du Poitou-Charentes en cinq espaces :
- un continuum sous forte influence urbaine ;
- un tandem Poitou-Charentes à deux vitesses ;
- un maillage des petits et moyens pôles ;
- un territoire central très peu influencé par l’urbain (de Civray à Ruffec et de Montmorillon à Confolens) ;
- et des espaces faiblement influencés par l’urbain.
Ensuite, son exposé s’est articulé sur trois thématiques que sont :
- la structuration du territoire de la Vienne ;
- les mutations démographiques et économiques qui impactent les territoires ruraux ;
- et les facteurs de vulnérabilité (précarité).
Structuration du territoire :
La définition d’une commune rurale se fait par comparaison avec une zone urbaine définie elle-même par sa densité de population et de construction. La Vienne est définie comme un département rural avec une très grande diversité de communes rurales.
En termes de statistiques, 34,9% des communes de la Vienne sont considérées comme très peu denses (moins de 25 hab./Km²). Elles recensent 8,9% de la population et 36% de la superficie. Les communes peu denses représentent par contre 60,9% des communes de la Vienne, avec 51,2% de la population et 8,9% de la superficie.
Mutations démographiques et économiques :
Au niveau national, ces dernières années, la France a connu une croissance démographique (somme du solde naturel des décès et naissances avec le solde migratoire), un vieillissement de sa population, une réduction du nombre de personnes par ménage, un phénomène d’Héliotropisme (attractivité par le littoral) et une périurbanisation.
La Vienne compte aujourd’hui 430 000 habitants avec une évolution démographique forte qui a tendance à freiner légèrement depuis quelques années. Les 3/4 sont localisées sur l’axe Poitiers-Châtellerault (respectivement 256 000 hab. et 70 000 hab.) et 62 000 dans le SCOT Sud Vienne.
Au niveau économique, nous avons connu un recul de l’emploi agricole, la poursuite de la baisse de l’emploi industriel sous l’effet de mutations et la crise de la construction. Néanmoins, nous avons bénéficié d’une croissance du tertiaire résidentiel et productif (commerces et services) et d’une montée de la sphère publique. Le meilleur secteur créateur d’emploi réside dans la santé humaine et l’action sociale.
Vulnérabilité :
Le taux de pauvreté (- de 1000 €/unité/mois) est de 13,2% dans la Vienne et près de 20% des ménages pauvres sont dans les espaces isolés.
Les indicateurs de précarité (revenu, emploi, aides sociales, éducation, conditions de vie, accès aux équipements) ont mis en évidence un bassin du Sud Vienne (Civray, L’isle-Jourdain) malheureusement concerné. 17,8% de la vulnérabilité est liée au logement et 14,9% au carburant dans la Vienne.
Le Professeur à la Sorbonne et Recteur Gérard-François DUMONT a ensuite excellé par son discours dans un domaine qu’il maîtrise parfaitement d’autant plus qu’il est démographe, géographe, économiste et Président de la revue « Population & Avenir » et qu’il a vécu pendant quatre ans dans la Vienne.
Selon ses propos, dans le contexte actuel, les lois prônent le « Big is beautiful » (« tout ce qui est grand est magnifique » en Français dans le texte) et « la Vienne n’aurait plus qu’à aller acheter un cercueil pour y mettre ses territoires ! » Le ton est donné…
Néanmoins, le constat des réalités étrangères conduit à s’interroger sur les arguments des dernières lois concernant les métropoles. « Il faut à tout prix écarter les analyses erronées et faire disparaître des raisonnements désuets sur la ruralité afin de donner une chance à la France ! »
Les analyses erronées :
L’agriculteur d’aujourd’hui est un industriel et l’agriculture génère beaucoup d’emplois induits.
Il y a eu une surestimation de la population urbaine et une sous-estimation de la population rurale au travers des critères utilisés par l’INSEE.
Le zonage en unités urbaines a fait réduire les territoires ruraux : « il a été commis un meurtre quand le mot rural a disparu du zonage des aires urbaines ! »
Les raisonnements désuets :
La théorie de la « Métropolisation » qui laisserait entendre que tout ce qui est très peuplé engendre une dynamique économique est fort discutable. « C’est l’inverse à Paris où le solde migratoire est négatif » en comparaison avec de nombreuses villes européennes moins peuplées et beaucoup plus attractives. La logique centre-périphérie n’a plus de raison d’exister.
Le dictat « pour qu’une entreprise réussisse, il faut que son siège social soit à Paris » est totalement dépassé.
Enfin, la théorie de l’économie résidentielle équivaut à une procrastination.
Les territoires sont une chance pour la France ! :
La population rurale augmente plus vite que la population urbaine (5,6% en moyenne).
Petite question concernant la Dotation Globale de Fonctionnement de l’Etat (DGF) : « Pourquoi la DGF de paris est plus forte que celle de Châtellerault ? ». On perd son temps à faire des dotations complémentaires encore plus complexes que le calcul lui-même de cette DGF. « La simplification est d’autant plus logique pour la ruralité ! » (Un Parisien vaut deux fois plus qu’un habitant d’une commune de – de 500 hab.).
En conclusion :
« la gouvernance est la clé de la réussite« . Les territoires ruraux ont atouts :
- proximité des acteurs ;
- pas de déséconomies d’échelle (foncier) ;
- une qualité de vie indiscutable.
« Les territoires sont a priori inégaux par nature (héritage, localisation, patrimoine etc.), chaque territoire a son ADN spécifique,
il n’y a pas de handicap lié à la taille et pas de fatalité, tout est possible ! (ex : le Futuroscope).
Nos territoires ont du talent. Il faut un projet cohérent et des équipes mobilisées« .
« L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subi pas l’avenir, on le fait »
comme le disait l’écrivain Jean Bernanos
Jean-Olivier GEOFFROY a par la suite présenté la méthodologie de ces Etats Généraux de la Ruralité dans la Vienne et a tenu à remercier tous les maires présents et nombreux.
Il a fait l’éloge du « Small is wonderful« (« tout ce qui est petit est merveilleux » en Français dans le texte) et a défini les actions qui seront mises en place dans les 19 prochains mois :
- le diagnostic des territoires ;
- l’état des lieux des actions du Département ;
- et les travaux des groupes thématiques avec la contribution des partenaires et des habitants de la Vienne.
« Nous souhaitons une démarche participative et qualitative à travers la rédaction d’un livre blanc auxquels vous êtes toutes et tous conviés » a-t’il conclu.
Le débat à l’issue avec le Recteur DUMONT a été entamé sur la législation française qui lui paraît surdimensionnée : « On rajoute systématiquement des lois aux Directives Européennes. La décentralisation n’a pas supprimé les doublons entre l’Etat et les Collectivités Territoriales, ce qui alourdi d’autant les circuits administratifs. Les gouvernances territoriales sont complexifiées par ces décrets, textes, circulaires etc. »
« Nous avons besoins de projets et non de schémas dans nos territoires. On est en plein Jacobinisme dans ce pays ! » a-t’il renchéri. »Il faut lutter contre cela par une plus grande souplesse et une plus forte décentralisation. La fusion des Régions sera chronophage et coûteuse… »
Bruno BELIN a conclu ce lancement des Etats Généraux en « comptant sur vous pour contribuer à cet optimisme !, défendre notre gouvernance, avoir de l’ambition, Vive la Vienne !« .

